Lorsque vous arrivez en Afrique du Sud 🇿🇦 par avion à l’aéroport international de Johannesburg, ce n’est pas Mandela qui vous accueille. L’homme que vous n’oublierez certainement jamais (ou du moins sa statue) est Oliver Reginald Tambo, également connu sous le nom de Mr. OR Tambo. Brillant professeur de sciences et de mathématiques, il a fondé le premier cabinet d’avocats noir de Mzanzi, le nom de l’Afrique du Sud en langue Xhosa, la langue de Madiba/Mandela. Né en 1917, il est décédé en 1993, seulement 3 ans après son retour de 30 ans d’exil.
Son rôle en tant qu' »exilé stratégique » était de mobiliser les jeunes Sud-Africains de la diaspora et de tisser des liens avec un maximum de partenaires (États, hommes politiques, artistes, organisations de toutes sortes, …). Sans ce travail brillamment mené, beaucoup d’entre nous n’auraient probablement pas (ou jamais) entendu parler de l’apartheid. C’est dans cette dynamique qu’il a recruté des jeunes comme Thabo Mbeki et les a préparés à conduire la destinée du pays le jour où l’apartheid prendrait fin.
En 2004, bien longtemps après sa mort et au moment où Internet voyait l’arrivée de Facebook, la chaîne de télévision nationale SABC3 organise un vote pour honorer les « grands hommes et femmes de la nation ». À la surprise générale, il est classé 31e, bien plus bas que Hendrik Frensch Verwoerd, le psychologue et sociologue connu comme l’architecte de l’apartheid. La chaîne décide d’annuler le second tour du vote, constatant que la grande majorité des Sud-Africains noirs n’ont pas participé au vote. La principale raison était que SABC3 diffusait principalement en anglais, une langue que tous les Noirs sud-africains ne comprenaient pas forcément.
Cette anecdote met en lumière le fait que tant que nous n’aurons pas une masse critique de personnes éduquées et à l’aise avec certains standards (langue, finances, informatique, …), nous continuerons à penser que nos problèmes sont dus aux autres.